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Pollution plastique,une bombe à retardement

Lundi 14 décembre 2020, Philippe BOLO, député, et Angèle PRÉVILLE, sénatrice, ont présenté à la presse, en téléconférence, les conclusions de leur rapport d'information sur la pollution plastique, fait au nom de l'OPECST.

Extraits du rapport d'information : quelques rappels chiffrés de la pollution, les arguments des producteurs de ces matières, et quelques pistes de travail pour tenter de juguler ce fléau des temps modernes

- Evolution en 65 ans de la consommation de matière plastique. De 1950, date de l'essor de l'industrie plasitque dans le monde (Surtout Europe et USA) à 2015. L'industrie du plastique produisait moins de 1 kg de matière par habitant (O,8kg/hab) contre 52 Kg par habtant 65 ans plus tard.

- La forte croissance de la production plastique est tirée par l’essor du secteur de l’emballage, qui, avec une part de marché de 36 % au niveau mondial (soit une production de 158 millions de tonnes de plastiques en 2018), constitue leur premier débouché. En France, la part des emballages dans la consommation de plastiques s’est élevée à 46,3 % en 2018, contre 39,9 % en moyenne au niveau de l’Union européenne. Cette différence s’explique, notamment, par la forte consommation en France d’eaux minérales conditionnées dans des bouteilles plastiques à usage unique1.

- Selon la fondation Ellen Mac Arthur, la production des emballages plastiques devrait quadrupler d’ici à 2050, pour atteindre 318 millions de tonnes

Au cours de leurs auditions, les rapporteurs ont entendu de nombreux arguments justifiant l’essor des plastiques à usage unique dans le domaine de l’emballage. Ils peuvent être résumés de la manière suivante :
- les plastiques à usage unique apportent des réponses aux changements des modes de vie : le développement du travail féminin, la place accrue accordée aux loisirs limitent le temps consacré aux repas : le « prêt à consommer » permet de gagner du temps. Par ailleurs, l’urbanisation de la société et la réduction de la taille des ménages encouragent la croissance de la vente à emporter et de la livraison à domicile, particulièrement prisées par les jeunes générations ;
- les plastiques à usage unique limitent les émissions de gaz à effet de serre : selon une étude commandée par PlasticsEurope1, le remplacement des plastiques d’emballage par des matériaux de substitution (verre, aluminium, carton, etc.) multiplierait le poids des emballages par 3,6 et, par conséquemment sur l’ensemble du cycle de vie, la consommation d’énergie par 2,2 et les émissions de gaz à effet de serre par 2,7 ;
- les plastiques à usage unique contribuent à la réduction du gaspillage alimentaire et à la lutte contre les risques d’altération microbiologique des aliments périssables : les emballages allongent la durée de vie des aliments (hermétiques et étanches, ils font barrière à la lumière, à l’oxygène et à l’eau) et facilitent leur consommation au moyen du portionnement. L’exemple des biscuits jetés avant d’être consommés parce qu’ils ont perdu leur qualité organoleptique a souvent été avancé pour défendre l’individualisation des portions. Au-delà de l’alimentation, l’association française des industries de la détergence a également insisté sur l’intérêt des doses individuelles pour les machines à laver ou les lave-linges qui éviteraient d’utiliser trop de produit ;
- les plastiques à usage unique permettent de mieux respecter les normes d’hygiène et de sécurité. De facto, ce sont souvent les réglementations liées à l’hygiène qui expliquent le développement de l’utilisation du plastique à usage unique dans les cuisines, dans les hôpitaux, dans la livraison du linge pour ne citer que ces trois exemples. Rappelons qu’avant l’avènement des emballages alimentaires en plastique, les aliments impropres à la consommation, en raison de leur mauvaise qualité sanitaire, provoquaient un nombre important de décès par intoxication (10 000 morts en 1982). Plus récemment, ce sont des plastiques à usage unique (masques, gants, blouses, coiffes, etc.) qui ont été commandés par centaines de milliards par les pouvoirs publics afin de se protéger contre l’épidémie de la Covid-19.

Une accumulation de déchets sans précédent dans l’histoire de l’humanité :

- Contrairement aux pays en voie de développement, la plupart des pays développés disposent de systèmes de collecte des déchets efficaces, qui réduisent fortement les « fuites » dans l’environnement.
Pour autant, la gestion de la fin de vie « ultime » des déchets reste encore perfectible. En 2018, 291 millions de tonnes de déchets plastiques ont été collectés dans l’Union européenne et 75,1 % de ces déchets ont été valorisés dont 32,5 % par recyclage et 42,6 % par valorisation énergétique. Toutefois, 24,9 % ont été enfouis.

RECOMMANDATIONS DES RAPPORTEURS :
 Huit séries de recommandations en réponse aux constats posés dans le rapport :
- sensibiliser, éduquer et impliquer les citoyens ;
- réduire la production de plastique ;
- prévenir la fuite des plastiques dans l’environnement ;
- favoriser le réemploi ;
- rendre le recyclage plus efficient ;
- soutenir l’acquisition de connaissances et la recherche ;
- évaluer et contrôler l’application des lois qui intègrent des dispositions relatives à la pollution plastique ;
- promouvoir de nouvelles actions à l’échelon européen et international.